Kai Fu Lee Ceux qui refusent d embrasser les nouvelles technologies deviendront inutiles Kai Fu Ceux

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Kai-Fu Lee ' Ceux qui refusent d' embrasser les nouvelles technologies deviendront inutiles'

15/10/2022 21:04:00

Dans ' IA 2042' le chercheur et investisseur taï wanais installé en Chine l' un des meilleurs experts mondiaux de l' intelligence artificielle livre une analyse saisissante sur notre avenir technologique Entretien exclusif

Kai-Fu Ceux

La source

L Express

'Dans le moyen terme, la transition sera chaotique. Mais à long terme, ce sera une véritable renaissance, car l'IA pourra réaliser tous les métiers de routine, ce qui nous en libérera. Nous pourrons nous concentrer sur les tâches intéressantes' Dans 'IA 2042', le chercheur et investisseur taïwanais installé en Chine, l'un des meilleurs experts mondiaux de l'intelligence artificielle, livre une analyse saisissante sur notre avenir technologique. Entretien exclusif. Dans le même temps, vous soulignez qu'il ne faut pas évaluer l'IA en fonction de l'intelligence humaine. LIRE AUSSI >>Quand vous faites une prédiction, y investissez-vous? LIRE AUSSI >>Une autre histoire montre qu'à l'avenir, l'éducation personnalisée via l'IA va se développer. Est-ce que cela fonctionne vraiment ? La pandémie de Covid-19 a plutôt montré les difficultés de ce genre d'enseignement. Lire la suite:
L'Express » Turquie: au moins 14 morts dans une explosion dans une mine de charbon - RFI Enzo Zidane emmène sa fille dans un spa pour bébés : premiers pas dans l'eau pour Sia ! Marseille : un mort et un blessé dans une fusillade dans un quartier Nord Les internes en médecine dans la rue pour ne pas être envoyés dans les déserts médicaux

Bio-carburant un bilan pire que les carburants fossiles

Les biocarburants ont le vent en poupe en ce moment, face aux pénuries d’essence et au prix des énergies fossiles… Mais sont-ils tellement meilleurs pour l'environnement ? Par Hugo Clément, journaliste et présentateur de l’émission « Sur le front » sur France 5. Lire la suite >> Que deviennent les petits travailleurs qui seront remplacés par L IA.. Ils seront encore plus dans la misère ,qu'ils étaient .. Turquie: au moins 14 morts dans une explosion dans une mine de charbon - RFIAu moins 14 ouvriers ont été tués et 28 autres blessés dans une explosion survenue dans une mine de charbon dans le nord-ouest de la Turquie, a affirmé vendredi le ministre turc de l'Intérieur Suleyman… Enzo Zidane emmène sa fille dans un spa pour bébés : premiers pas dans l'eau pour Sia !Toujours aussi fusionnel avec sa petite Sia, Enzo Zidane lui offre tout ce qu'il y a de meilleur. Retourné à Madrid, il est allé avec sa fiancée Karen Goncalves dans un spa pour enfants et sa fille a Marseille : un mort et un blessé dans une fusillade dans un quartier NordLe jeune de 18 ans a été tué au fusil d'assaut dans le quartier de la Visitation. Marseille = Chicago d'Al Capone Comment notre Douce France en est arrivée là ? Qui sont ces intrus à nos valeurs ? Déchéance et remigration serait La solution ? Sinon les cimetières vont continuer de se remplir Dans un quartier nord, y a même plus d'effort de nommer l'endroit. et notre Rambo de service Darmanin il fait quoi ,d’ailleurs ou est il ? Les internes en médecine dans la rue pour ne pas être envoyés dans les déserts médicauxDes syndicats d’internes en médecine ont lancé un appel à la grève ce vendredi contre l’allongement d’un an des études des généralistes. Le gouvernement souhaite les orienter vers les déserts médicaux. Bonjour , non, c’est faux. Faux, biaisé et réducteur. Faudrait revoir votre copie bande de stagiaires. Mdr, alors c’est pas tout à fait ça mais bon c’est pas grave on a l’habitude des inexactitudes avec vous 😭 Ah donc le serment d'hippocrate deviendrait il celui d'hypocrite Dans la rue, la gauche dans son rôle Dans la rue, la Nupes est parfaitement légitime à occuper le terrain de la contestation sociale. Reste le long chantier intellectuel et programmatique. L'édito de PaulQuinio 👇 PaulQuinio On appelle pas ça de la récupération politique...? PaulQuinio Votre seconde proposition vient invalider la première. PaulQuinio Qu ils aillent se faire foutre avec leur blocage et leur dictature. Je m'abonne Kai-Fu Lee : Depuis mon enfance, je suis fasciné par les problèmes complexes.Turquie: au moins 14 morts dans une explosion dans une mine de charbon Publié le : 14/10/2022 - 22:10 Publicité Au moins 14 ouvriers ont été tués et 28 autres blessés dans une explosion survenue dans une mine de charbon dans le nord-ouest de la Turquie, a affirmé vendredi le ministre turc de l'Intérieur Suleyman Soylu.Karen Goncalves a accouché il y a près de 6 mois.Une personne est morte vendredi 14 octobre dans la soirée, à Marseille (Bouches-du-Rhône)   dans une fusillade, a appris franceinfo de source proche. Quand j'ai rencontré l'IA, j'ai pensé qu'il n'y avait pas un plus grand défi que celui qui consiste à comprendre le processus cognitif humain. J'ai pensé qu'en permettant de construire un outil qui réplique notre cerveau ou l'augmente, elle serait un moyen fantastique de comprendre comment nous pensons et partant qui nous sommes. Bien sûr, c'était une compréhension naïve, et quelques années plus tard, nous n'avons toujours pas, collectivement, atteint ce but. Très heureux de pouvoir retourner dans le pays et la ville où il a été élevé avec ses 3 frères, tous aussi doués que lui pour le football, il a pu rentrer à la maison avec femme et enfant. Mais nous avons fait énormément de progrès en la matière.   LIRE AUSSI >> Dans le même temps, vous soulignez qu'il ne faut pas évaluer l'IA en fonction de l'intelligence humaine. Il s'agissait le plus souvent, de règlements de compte dans un contexte de trafic de stupéfiants.   Le narcissisme humain nous pousse à tout comparer à nous-mêmes. Je suis très heureux de retourner en Espagne et à Madrid et de pouvoir profiter du football ici" , expliquait-il au moment de son transfert. Cela explique qu'on continue à ne pas comprendre l'enjeu de l'IA. On a tendance à penser que les intelligences humaine et artificielle représentent deux ensembles distincts qui peuvent se recouper, et on en déduit une interrogation sur la part des activités humaines que l'IA peut prendre en charge - en d'autres termes, on se demande dans quelle mesure l'IA pourra faire de nous des esclaves. Ce n'est pas la bonne manière de considérer l'IA. Ce qui se passe, c'est plutôt que celle-ci peut faire énormément de choses, et de plus en plus, que nous ne pouvons pas faire. Mais cela ne veut pas dire qu'elle peut faire tout ce que les humains peuvent faire eux aussi. Si nous pensons que l'Homme devient inutile, il le deviendra.   Vous explorez plusieurs prédictions possibles à vingt ans. Comment est-il possible de réaliser cet exercice alors que la technologie implique souvent des avancées imprévisibles?   Evidemment, les prédictions que je propose ne sont jamais à 100% certaines. La façon dont je procède est la suivante : je pars de tendances et de trajectoires. Par exemple, on connaît aujourd'hui la qualité de la vision par ordinateur, et de la compréhension du langage et de l'écrit par l'IA, comparée à celle des humains. Dès lors, cela permet de dessiner une trajectoire pour l'avenir via laquelle ces capacités s'améliorent. On peut en conclure que si cette tendance se poursuit, elles égaleront la capacité humaine à un moment donné. Ensuite, on prend en compte le temps de mise au point industrielle d'un produit - la rapidité de l'amélioration du produit, le temps de production industrielle et la durée pour obtenir un produit populaire. Chaque étape dure quelques années. C'est comme cela que nous décidons de nos investissements. C'est ainsi qu'en 2012, j'ai investi dans beaucoup d'entreprises de vision par ordinateur.   Cela reste de la prédiction et nous pouvons faire des erreurs. D'où, dans mon livre, une approche conservatrice : je suis 100% certain que ce que je décris dans les premiers chapitres va se produire, et ce dans moins de vingt ans. Dans les derniers, je suis à 70% certain, et cela pourrait prendre plus de vingt ans. Les technologies que je décris vont de ce fait des plus simples au plus avancées. Les premières sont mises en scène dans des lieux moins avancés technologiquement, comme l'Inde, le Nigeria et le Sri Lanka, les dernières en Europe, aux Etats-Unis et en Chine.   Dans l'ensemble, je pense que les prédictions du livre ont 80% de chances de se produire entre cinq et vingt-cinq ans. Mais je ne peux pas mentionner les technologies qui n'existent pas encore. La prédiction telle que je la pratique couvre la majorité des technologies, mais certaines nous surprendront toujours. Quand Internet est né, il n'était pas possible de prédire toutes les façons dont il allait changer nos vies. A l'époque, j'aurais prédit les jeux vidéo, les pages Web, les sites Web, les applications, le e-commerce et les réseaux sociaux, mais je n'aurais pas prévu Uber. Souvent, les êtres humains conservent les mêmes activités mais les réalisent différemment. Par exemple, l'information était transmise hier par les journaux en papier, désormais elle l'est par Internet. On achetait des produits dans des magasins, maintenant on les commande sur Internet. Uber est différent : personne n'aurait pu penser que l'on commanderait des taxis grâce à Internet.   LIRE AUSSI >> Parfois, la technologie existe mais ne trouve pas son public. C'est le cas, pour l'instant, des MOOCs, ces cours en ligne qui n'ont jamais rencontré le succès espéré.   On a tendance à surestimer ce que la technologie peut faire dans le court terme et à sous-estimer ce qu'elle peut faire dans le long terme. Les MOOCs sont apparus il y a quelques années et en effet, ils ne marchent pas encore très bien. Si l'on adopte une perspective à vingt ou trente ans, cela pourrait être différent. A ce moment-là, si l'expérience en ligne est devenue immersive grâce à la réalité virtuelle et au métavers, on portera des lunettes ou des lentilles pour se transporter vers une autre époque pour, par exemple, apprendre l'histoire. Dans ce contexte, les MOOCs pourraient devenir une part intégrant de cette immersion.   Quand vous faites une prédiction, y investissez-vous?   Je joins toujours le geste à la parole ! Je n'écris pas seulement pour le plaisir. La seule technologie du livre dans laquelle nous n'investissons pas est l'informatique quantique, car c'est la plus embryonnaire. Peut-être le ferons-nous dans cinq ans. Nous venons de commencer à investir dans le métavers. Et bien sûr nous investissons depuis un moment dans les véhicules autonomes ou la découverte de médicaments.   Le livre contient dix chapitres, chacun narrant une histoire centrée sur une technologie et son application future. Certaines semblent attendues comme les véhicules autonomes. D'autres sont frappantes, comme la première, où l'IA prend un caractère intrusif.   La première histoire est inspirée du documentaire The Social Dilemma (Derrière nos écrans de fumée) , créé par mon ami Tristan Harris [NDLR ; un ancien de Google désormais spécialiste de l'éthique de la technologie]. Je suis très préoccupé, comme lui, par le fait que l'IA peut être utilisée à bon et mauvais escient - et dans ce dernier cas possiblement sans mauvaises intentions, par exemple quand on construit des applications dont le modèle d'affaires repose sur le clic facile et non la qualité, ce qui rend l'utilisateur dépendant et l'expose à des contenus inappropriés, erronés ou violents.   LIRE AUSSI >> Et si une intelligence artificielle vous aidait à devenir écrivain ? L'histoire de ce chapitre va plus loin et montre un phénomène pire encore : l'évolution d'un programme bien intentionné dans un environnement où les intérêts semblent initialement alignés. La compagnie d'assurance au centre du récit est supposée prendre en compte les intérêts des protagonistes : elle ne veut pas qu'ils tombent malades et eux non plus. Elle met donc en avant des produits et conseille des comportements qui maintiendront leur bonne santé. Mais elle en vient à contrôler trop de données personnelles et à s'immiscer dans la vie des héros. La jeune fille, dans l'histoire, a un petit ami dont le statut social pourrait avoir un impact négatif sur sa santé et donc sa prime d'assurance, c'est pourquoi l'assurance veut s'immiscer dans cette relation.   Je m'interroge alors en général sur ce qu'il est possible de faire pour minimiser l'impact de ce type d'IA. On pourrait, par exemple, mesurer l'effet à long terme de la technologie - le gain en connaissances ou l'amélioration de la santé - par opposition à la mesure de court terme - le clic. Ensuite, on pourrait enseigner à l'IA comment montrer à l'usager des pratiques qui vont l'aider, et in fine lui permettre d'être plus heureux, car c'est bien ce que nous recherchons tous. Il faut aligner les intérêts de ceux qui développent les applications et ceux qui les utilisent.   Une autre histoire montre qu'à l'avenir, l'éducation personnalisée via l'IA va se développer. Est-ce que cela fonctionne vraiment ? La pandémie de Covid-19 a plutôt montré les difficultés de ce genre d'enseignement.   Sur la distinction entre l'apprentissage réel et virtuel, le défi posé par l'enseignement à distance pendant la pandémie est que nous avons transposé brutalement un monde en trois dimensions sur un écran en deux dimensions. De gens parlent, on ne voit que leur tête et éventuellement un peu de PowerPoint. Ce n'est pas très attirant. Nous devons aller au contraire vers une expérience immersive, aussi vivante que celle du monde réel, et qui permettrait même de faire des choses impossibles dans celui-ci, en particulier pour les plus jeunes. Un enseignant peut utiliser un tableau pour raconter ou expliquer, mais il ne peut pas faire venir, par exemple, un personnage historique dans sa classe, ni un personnage de dessin animé, ce qui rendrait l'apprentissage amusant.   A propos de la personnalisation de l'enseignement, les enseignants virtuels offrent un service très différent des enseignants en chair et en os, et ne sont pas là pour les remplacer. Ils peuvent changer d'apparence : devenir Donald Duck ou Cendrillon, ou une figure historique. L'enseignement devient vivant et peut vous faire vous immerger dans l'histoire comme si vous en étiez. Ensuite, l'IA peut prendre la forme du personnage préféré d'un enfant pour accroître son intérêt. Enfin, cela permet d'adapter l'enseignement au rythme d'apprentissage de l'élève. L'IA est comme un compagnon d'apprentissage. L'enseignant humain, de son côté, est important pour la connexion humaine, le mentorat et la confiance, pour inculquer tout ce qui ne relève pas entièrement de connaissances - la communication, le respect, le bien et le mal, la créativité, la curiosité, le bon sens, ou encore le travail en équipe. Cette forme d'éducation deviendra alors bien plus intéressante et gratifiante pour les enseignants. En combinant le virtuel et le réel, la symbiose sera parfaite.   Vous évoquez aussi la"réalité étendue" ou XR. Pourriez-vous en détailler les applications?   La réalité étendue inclut la réalité virtuelle, augmentée et mixte. La première revient à s'immerger dans un monde entièrement différent qui n'a rien à voir avec le vôtre, via des lentilles ou des lunettes. Vous y jouez à un jeu, vous apprenez... La réalité augmentée agit comme un écran transparent. Via des lentilles ou des lunettes, vous voyez toujours le monde réel mais d'autres images s'y superposent et avec laquelle vous pouvez même interagir. On pourrait de cette façon faire entrer Napoléon dans une salle de classe et lui poser des questions! On peut aussi l'utiliser dans des films ou dans le cadre de thérapies. Ici, on reste dans le monde réel mais des éléments non réels y sont ajoutés. La réalité mixte est une forme avancée de réalité augmentée.   Pouvez-vous citer certains des effets pervers de l'IA ?   Dans le livre, je mentionne des cas de dépendance, de manipulation, d'inéquité ou de deep fake . Or si ces problèmes proviennent de ces nouvelles technologies, ils peuvent aussi être résolus par elles. Si cela échoue, il reste toujours les correctifs sociaux ou gouvernementaux. Plusieurs technologies suscitent des addictions, notamment les plateformes de vidéos où l'IA connaît si bien les humains qu'elle ne cesse de faire voir à l'utilisateur des contenus qu'il va apprécier, même si cela provoque une dépendance. Beaucoup de ces applications sont financées par la publicité, ce qui les incite à vous faire visionner le plus de contenu possible.   En regard, on peut développer davantage d'applications basées sur d'autres modèles d'affaires, par exemple sur l'abonnement. C'est ce que fait Netflix : quand nous sommes abonnés, Netflix n'a pas intérêt à ce que nous regardions quatre heures de vidéo d'un coup mais à ce que nous nous apprécions le contenu et que nous continuions notre abonnement. C'est un cercle vertueux. J'évoque aussi la possibilité d'utiliser certaines institutions comme des journaux qui pourraient décider, par exemple, de créer un score de fake news ou deep fake associées aux grandes plateformes. On peut même imaginer que cela soit intégré aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, et que pour faire partie d'un index donné, une entreprise de la tech doive avoir un très bon score en la matière. Cela créerait une double incitation : les entreprises qui ne se plieraient pas à ces exigences perdraient des utilisateurs et des investisseurs.   LIRE AUSSI >> Le monde s'inquiète que l'IA accapare des emplois humains. Vous le reconnaissez d'ailleurs pour ce qui est du court terme.   L'IA va-t-il prendre des emplois aux humains ? Oui. Elle n'effectuera pas forcément l'ensemble d'un métier mais de nombreuses tâches le constituant. Prenez le métier de réceptionniste : l'IA peut en réaliser la plupart des tâches, comme la vérification d'identité, mais elle ne peut pas représenter l'image de l'entreprise. Il y aura donc à terme moins de réceptionnistes. De même, des métiers de comptabilité ou juridiques de début de carrière. Tant que l'IA peut réaliser de 30% à 50% d'un métier, cela veut dire que moins de personnes l'exerceront.   Les tâches routinières seront les plus touchées : les chaînes de montage, les chauffeurs, le travail de bureau de base qui ne demandent pas de créativité, de complexité ou d'interaction humaine. Celles-ci deviendront le coeur de l'excellence humaine, ce que l'IA aujourd'hui et au moins dans les vingt prochaines années ne pourra pas accomplir. Le résultat très probable est que nous devrons adapter l'éducation et la formation pour que davantage de gens exercent les métiers complexes. Cela inclut des métiers difficiles comme les écrivains et artistes, les scientifiques, les dirigeants, mais aussi des métiers de service à la personne. Pour ces deniers, cela requerra un changement de statut social : aujourd'hui, un conducteur de camion gagne beaucoup plus d'argent qu'un accompagnant de personne âgée. Cela va changer au fur et à mesure car le besoin d'accompagnants va augmenter et, de ce fait, leur salaire. Mais il faudra du temps pour que ces ajustements aient lieu.   Pour finir, l'IA va créer de nouveaux emplois de différents niveaux : par exemple, des réparateurs de robots, des data scientists, des data labelers, et bien d'autres encore que nous ne connaissons pas encore !  La transition ne risque-t-elle pas d'être très douloureuse ?   Historiquement, chaque nouvelle technologie a fini par créer suffisamment d'emplois. Le chômage n'a jamais explosé, il y a eu plutôt des hauts et des bas. Dans les prochains cinq à dix ans, la substitution de l'IA aux hommes sera de plus en plus forte et la création d'emplois prendra du temps, le temps que les métiers apparaissent et que la formation soit efficace. C'est aussi parce que les gens qui perdront leur travail ne sauront pas forcément qu'ils peuvent faire ces formations. Si quelqu'un perd son travail de chauffeur, il pourra vouloir devenir mécanicien. Mais cinq ans plus tard, quand les voitures seront devenues électriques, son métier changera à nouveau et il devra en trouver un autre. La société et les pouvoirs publics doivent donc aider ceux qui perdent leur emploi à cause de l'IA grâce à l'aide sociale ou au revenu universel, mais aussi grâce à la formation. Les métiers qui disparaissent sont ceux qui ont le moins besoin de formation ; ceux qui apparaissent sont ceux qui en ont le plus besoin. Autrement, la transition ne sera pas fluide. Amazon a ainsi créé un grand programme proposant jusqu'à quatre ans de formation de reconversion à ceux qui occupent des emplois faiblement qualifiés comme les caissiers ou ceux qui remplissent les cartons, car Jeff Bezos sait que ces emplois vont disparaître. Davantage de pays et d'entreprise devraient agir de même.  Dans le moyen terme, la transition sera chaotique. Mais à long terme, ce sera une véritable renaissance, car l'IA pourra réaliser tous les métiers de routine, ce qui nous en libérera. Nous pourrons nous concentrer sur les tâches intéressantes que nous aimons au lieu de devoir perdre beaucoup de temps à faire des tâches ingrates.  Le chapitre"Plénitude" explore cette satisfaction. N'est-ce pas idéaliste ? Vous expliquez que ce monde idéal permis par l'IA est un monde sans rareté. Est-ce possible ?   Ce sont des questions que je me pose. Je peux choisir d'écrire deux histoires : l'une, que nous avons la capacité de produire assez pour tout le monde, mais que nous sommes tellement égoïstes que cela ne fonctionne pas ; l'autre, qui décrit un monde où nous y parvenons, même si c'est très difficile puisque les individus, les entreprises et les pays sont égoïstes. La plupart des récits de science-fiction choisissent le premier scénario ; je choisis le second. Je choisis l'utopie plutôt que la dystopie car elle peut se produire, selon moi, avec une probabilité de 50%. J'aimerais que les gens prennent du recul et se demandent s'ils sont prêts à laisser leur égoïsme prendre le dessus et empêcher l'humanité de régler, peut-être, l'un de ses problèmes les plus importants, la pauvreté et la faim.   Ces grandes avancées technologiques vont provoquer à terme un effondrement du coût des biens. Imaginons que nous sommes des extraterrestres qui atterrissons sur Terre. Nous découvrons que l'IA permet de produire des biens à un coût proche de zéro. Ne chercherions-nous pas un moyen de vivre ensemble dans une harmonie relative, et au moins à éradiquer la pauvreté ? Je pense que oui, si nous n'étions pas retenus par nos mauvaises habitudes. Alors, allons-nous les laisser nous ralentir et continuer de laisser souffrir certains d'entre nous ? C'est le coeur de mon message.   Pendant la révolution industrielle anglaise, des ouvriers, les Luddites, se sont mis à casser leurs machines pour protester contre le progrès . Pouvez-vous imaginer que des gens soient si inquiets à cause de l'IA qu'ils tentent d'en détruire les applications ou au moins de ne pas les utiliser ?   C'est une possibilité. Mais ici, je suis partisan du darwinisme : ceux qui refusent d'embrasser les nouvelles technologies se feront distancer et deviendront inutiles. Si un journaliste refuse par exemple d'utiliser un ordinateur et insiste pour écrire à la main et taper à la machine, il va perdre 80% de son temps. Certains pays pourraient réagir de cette façon, en déclarant vouloir protéger leurs emplois face à l'automatisation. Ils peuvent le faire mais cela aura un coût : une perte de richesses. L'inquiétude causée par l'IA peut provoquer deux types de comportement : soit on embrasse la technologie et on traite les problèmes qu'elle cause, soit on la bloque. La dernière attitude est toujours perdante car elle ne heurte pas la technologie mais la capacité de progrès.   C'est aussi oublier que dans l'Histoire, la technologie est neutre, qu'elle a toujours apporté en même temps des bénéfices et des problèmes, et que nous avons toujours été capables de résoudre la plupart d'entre eux, souvent grâce à la technologie elle-même. Cela devrait nous rendre optimistes. Par exemple, quand l'électricité a été inventée, des gens se sont électrocutés, et on avait peur d'électrifier sa maison pour cette raison. La mise au point du disjoncteur a permis de dépasser ce problème. Quand Internet est apparu, des virus se sont propagés, mais des anti-virus ont permis de s'en prémunir. La plupart des gens sont bienveillants et développeront de bons usages technologiques. Il y en aura toujours de mauvais, mais ils seront maîtrisables.  Vous évoquez l'usage plus restrictif des données personnelles qui est fait en Europe comparé aux Etats-Unis ou en Chine. Est-ce un obstacle pour nous ?   Chaque pays doit avoir une régulation cohérente avec ses valeurs et je respecte beaucoup les Européens qui ont légiféré en conséquence. Vous pensez que les données sont votre propriété et qu'elles font partie de droits humains inaliénables. En même temps, je me permettrais de vous encourager à ne pas pousser cette logique trop loin au point de dire vouloir ralentir l'IA et le progrès technologique. Vous gagneriez peut-être, au lieu de vouloir systématiquement contrecarrer les Gafa, à être constructifs en cherchant quelles technologies nouvelles peuvent émerger dans votre système de régulation. Le Web3, par exemple, est une opportunité intéressante pour l'Europe. Votre Règlement général sur la protection des données (RGPD) rend l'obtention de données un peu plus difficile, mais cela n'empêche pas de développer le Web3 dans ce contexte. L'objectif doit rester constructif et entraînant : réussir à construire une application conforme au RGPD, qui respecte les données des utilisateurs et fournit un meilleur service que les autres.     J'ajouterai que le financement de technologies compte tout autant que la régulation. Des solutions technologiques peuvent avoir le même effet que le RGPD. Les deux devraient aller de pair. On peut par exemple imaginer que les données personnelles soient utilisées par un hôpital qui n'a pas le droit de les diffuser à l'extérieur mais dont une IA pourrait se servir sur place pour améliorer le soin qu'on vous apporte et sa connaissance du sujet.   Entre les Etats-Unis et la Chine, qui est le meilleur aujourd'hui en IA ?   Les deux sont excellents. Les Etats-Unis sont meilleurs en recherche - l'Europe aussi. La Chine est derrière même si elle fait des progrès. L'Ouest est davantage prêt à embrasser certaines applications, par exemple le SaaS [NDLR : software as a service], un modèle d'exploitation commerciale des logiciels dans lequel ceux-ci sont installés sur des serveurs distants plutôt que sur la machine de l'utilisateur). L'avantage de la Chine est sa ténacité, son ardeur au travail et sa rapidité pour construire des solutions technologiques. D'où l'intérêt de nos entreprises pour l'IA ou la robotique. C'est aussi parce que la part de cols bleus est plus importante en Chine qu'aux Etats-Unis. C'est donc naturel que nous appliquions l'IA à l'industrie - ce à quoi nous excellons. Les deux pays font ce qu'ils savent le mieux faire.  Si l'on compte le nombre de licornes [NDLR : une start-up valorisée à plus d'un milliard de dollars] dans chaque pays et les bénéfices financiers de l'IA, la Chine arrive première. C'est ce que j'explique dans IA. La plus grande mutation de l'histoire (Les Arènes, 2019) : les entreprises chinoises sont davantage motivées par les opportunités commerciales, les américaines par une vision. Une fois qu'une entreprise américaine a du succès, sa nature visionnaire peut être un facteur de réalisations extraordinaires. Google pense que sa mission est de changer le monde en rendant l'information accessible à tous. Cela ne s'arrête pas au seul profit. Parce qu'elles veulent changer le monde, elles se concentrent sur le long terme. Les entreprises chinoises sont davantage intéressées par le court terme, le revenu et le profit. C'est pourquoi aujourd'hui il y a plus d'entreprises valorisées à plusieurs milliers de milliards de dollars aux Etats-Unis qu'en Chine, mais qu'en Chine les entreprises à 10 milliards de dollars sont plus nombreuses. Voilà donc deux exemples incroyables de réussites technologiques. Dans l'IA, les deux pays vont diriger le monde ensemble : ils ne sont pas en concurrence, ils prennent des chemins différents.  Les plus lus .
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